hongrie

Il était une fois dans l'Est

introduction

Pays de près de dix millions d’habitants au cœur du Vieux Continent, la Hongrie est actuellement vue à l’échelle européenne comme un bastion d'extrême droite. Avec l’arrivée au pouvoir, en tant que Premier ministre, de Viktor Orbán et ses avis tranchés, notamment sur la politique migratoire, le pays s’est transformé en l’espace d’une décennie. La Hongrie a été le premier État de l’Union européenne à fermer sa frontière aux migrants venus du Moyen-Orient et à refuser les quotas de l’UE en matière d’accueil. Un tournant autoritaire qui touche toutes les strates de la société hongroise : les subventions à l’Orchestre de Budapest ont été diminuées car son directeur est un fervent opposant à Orbán. De la même manière, le gouvernement a annoncé qu’il débloquerait 7,8 milliards de forints pour deux institutions hospitalières qui se sont engagées à ne plus pratiquer d’avortements.

Le paysage médiatique hongrois est fortement touché par la politique de Viktor Orbán. Depuis 2013, la Hongrie a dégringolé de 31 places dans le classement Reporters Sans Frontières et se retrouve aujourd’hui à la 87ème position. 

Depuis l’arrivée d'Orbán au pouvoir, la liberté de la presse a drastiquement diminué : 80% des médias sont aux mains de ses partisans. Une loi de 2010 prévoit des amendes pouvant aller jusqu’à
730 000 euros pour des chaînes de radio-télévision en cas « d’atteinte à l’intérêt public, l’ordre public et la morale », ou encore des « informations partiales », sans que pour autant ces concepts soient clairement définis. Tout média s’essayant à la critique du pouvoir en place se voit donc immédiatement menacé de disparaître car beaucoup pourraient ne pas survivre à un telle amende. Le traitement médiatique des problématiques sociétales, politiques et culturelles qui suivent permet de dresser un aperçu de l’état de liberté d’expression en Hongrie.

L'art et la manière de se former au journalisme

En Hongrie, il n’existe pas d’école de journalisme à proprement parler.  L’enseignement du journalisme se fait en deuxième cycle d’études via un cursus centré sur la communication. Les étudiants qui en sortent diplômés peuvent ainsi travailler dans les deux domaines, pourtant difficilement conciliables.

Des formations de journalismes hétéroclites

L'Université des Sciences Eötvös Loránd, l'Université Métropolitaine de Budapest, l'Université de Pécs et l'Université Corvinus de Budapest sont les principales facultés à délivrer ce diplôme. Il existe également des écoles privées spécialisées qui proposent des formations de journalisme mais celle-ci sont plus onéreuses et moins prestigieuses. « Les meilleurs journalistes exerçant sur le sol hongrois ne viennent pas d'écoles privées, mais d'universités, ou alors ce sont des correspondants étrangers » explique Attila Batorfy, enseignant en journalisme à l'Université des Sciences Eötvös Loránd. Les frais de scolarité dans les écoles privées varie entre 500 et 1000 euros à l’année en fonction des établissements. Il est calculé sur la base du quotient familial de l’étudiant et dépend de la qualité du matériel de l’école et des infrastructures.

Une formule particulièrement originale existe cependant. Une ONG, Le Centre Indépendant des Journalistes (CIJ), s’occupe de formations en continu, accessibles à tout âge, moyennant quelques centaines d’euro par an. Elle forme, en deux ans, au journalisme audiovisuel, à la radio, à la presse écrite ainsi qu’au datajournalisme. Créé en 1995 sur une initiative américaine, le CIJ cherche à développer un journalisme de qualité et éthique et à contribuer à un environnement médiatique où la liberté d'expression et la liberté de la presse sont protégées. « Cette formation est beaucoup critiquée car il y a une forte aversion des Hongrois envers les Etats-Unis » explique Gergely Károly, journaliste au Magyar Hang, l’un des rares médias indépendants du pays.

Une déontologie enseignée mais pas toujours appliquée

A l’ELTE, -l ‘Université des Sciences Eötvös Lorándoui où enseigne Attila Batorfy-, les grands principes de la liberté de la presse, la déontologie ainsi que les droits et les devoirs des journalistes sont enseignés. « L'environnement et le contexte historique de la Hongrie ne servent pas le journalisme éthique » déplore l’enseignant-chercheur. « C'est une bonne chose d'apprendre l'éthique et la déontologie mais faut-il encore les appliquer dans la pratique du métier au quotidien ». Dans une promotion hongroise d’étudiants en journalisme, ils sont un certain nombre, chaque année, à rejoindre les rangs d’Origo.hu ou Magyar Nemzet, des médias pro-Orbán et ainsi à bafouer les grandes règles de déontologie. « Dès qu’un journal indépendant comme le nôtre traite d’un sujet sensible, les journalistes à la botte de Viktor Orbán vont faire partie de ceux qui vont fustiger notre enquête, cherchant à tout prix à la discréditer », dénonce-t-il.

Des universités prestigieuses qu’il est difficile d’intégrer aux écoles privées plus accessibles mais très coûteuses, la pratique du journalisme n’est donc pas accessible à tous les étudiants. L’aspect financier est un obstacle à la diversification des profils sociaux en rédaction. L’un des principaux est la forte concentration des médias hongrois à Budapest, la capitale du pays. Le coût de la vie y est plus élevé qu'en province et vivre dans la capitale n’est pas à la portée de tous. Les formations de journalisme se trouvent également toutes à Budapest, excepté une en région, rendant l’accès à l’université des provinciaux compliqué.   

Un contraste capitale-province important

La pratique du journalisme en dehors de la capitale semble d’ailleurs très compliquée. Dans les autres régions du pays, la presse régionale n’existe presque pas. En dehors des titres nationaux, seuls trois journaux relatent des informations régionales. Dans ces rédactions, les salaires y sont moins élevés. Et ce sont souvent là que l’on retrouve les journalistes aux origines les plus modestes. « Beaucoup d'entre eux éprouvent de la rancœur envers les journalistes de la capitale. Ils ont le sentiment de ne pas avoir bénéficié des mêmes chances qu'eux. » raconte Attila Batorfy.

En Hongrie, il n’existe pas de processus de démocratisation d’accès à la profession ni de classes préparatoires « Égalité des chances », qui permettent à des jeunes issus de milieux défavorisés, d’intégrer la profession. Seuls des ateliers de journalisme pour les étudiants roms ont été mis en place dans les années 2000. Mais l’objectif n’est pas de les faire intégrer les rédactions traditionnelles, plutôt de les aider à gérer leurs propres médias.

Pour les étudiants sortis des meilleures formations de journalisme, leur entrée dans le métier obéit à un système très archaïque. « Ta préférence politique est la première chose qu’on te demande quand tu sors d’école. En fonction de la réponse que tu donnes, tu es étiqueté direct. Si tu cites un parti libéral, on sait, tout de suite que tu soutiens l’ennemi et on ne te proposera pas d’intégrer les rédactions mainstream », raconte Corentin Léotard, correspondant de Mediapart à Budapest.

Julien Raymond

Loi Orbán de 2010, Une presse sous contrôle

Promulguée à la fin de l’année 2010, la loi de Viktor Orbán relative à la liberté de la presse en Hongrie a provoqué un véritable séisme dans le paysage médiatique. Après un échec cuisant aux élections de 2002, il revient en 2010 sur la scène politique avec une nouvelle ligne directrice : le contrôle des médias. La loi de 2010 relative à la presse et à la communication de masse devient donc le point de départ d’un contrôle affirmé des médias nationaux hongrois, propice à la censure et à l’entrave de la liberté de la presse.

C’est sur la question épineuse de la protection des sources que s’ouvre la polémique suscitée par le texte. Rédigée par le Fidesz, le parti d’extrême droite de Viktor Orbán, la nouvelle loi prévoit que les sources des journalistes doivent impérativement être révélées aux autorités « en cas de menace de la sécurité nationale », ce qui est contraire à l’un des grands principes de la profession journalistique. En parallèle, le texte prévoit à l'origine de lourdes amendes en cas de « désinformation » ou « d’outrage ». Deux termes qui, encore une fois, suscitent l’indignation par la liberté d’interprétation qu’ils génèrent et par la forme de censure qui en découle. La réaction de l’Union Européenne, quant à elle, ne se fait pas attendre. Après plusieurs semaines de négociations, la Hongrie finit par céder, le 16 février 2011, et modifie son texte, jugé contraire à la Charte européenne des droits fondamentaux. La notion « d’outrage » disparaît et le gouvernement s’engage à faire appliquer des sanctions « proportionnées ». Des modifications saluées par la Commission européenne.

Pour autant, le contrôle médiatique exercé par Orbán se poursuit. Avec sa loi, le Premier ministre hongrois instaure la création d’une nouvelle Autorité de contrôle médiatique : la NMHH, équivalent du CSA français. Ce nouvel organe composé de neuf membres pro-Fidesz, a vocation à réguler non seulement la publicité mais aussi, et surtout, à contrôler le service d’information. Télévision, radio, presse écrite et web sont orchestrés par la NMHH, qui remet chaque année un rapport à l’Assemblée Nationale hongroise faisant état de toutes les activités liées au contenu médiatique. Les contenus audiovisuels sont vérifiés avant diffusion, tandis que l’information publiée en ligne ou dans la presse écrite peuvent faire l’objet d’un contrôle a posteriori, suite à un signalement. La NMHH se réserve par ailleurs le droit de sanctionner par de lourdes amendes les rédactions proposant du contenu jugé contraire au règlement de l’Autorité.

Si cette instance a suscité quelques réactions au moment de sa création, il semblerait qu’en pratique, son pouvoir doit être relativisé. Selon Corentin Léotard, correspondant à Budapest pour Mediapart, « la NMHH, on n’entend plus du tout parler d’eux depuis 2012, je ne sais pas s’ils ont pris la moindre décision depuis qu’ils existent, s’ils servent à quelque chose. Il y a peut-être eu une ou deux amendes mais pas plus. » Il ajoute que les membres « sont tous liés au Fidesz, mais de manière tout à fait démocratique parce qu’ils ont tous été désignés par le Parlement. » Ce qui n’empêche par Joël Le Pavous, également correspondant à Budapest pour Courrier international, d’ironiser : « Et le Parlement, il se trouve qu’il est pro-Fidesz, 133 députés sur 199 : la tyrannie de la majorité ! » Ce dernier ajoute d’ailleurs avoir déjà été témoin de la censure exercée par la NMHH : « J’avais rencontré l’un de leurs membres quand j’avais fait un papier pour Télérama. Et de bonne foi, il m'expliquait la mission de régulation, le service public, etc. Mais c’est là que tu vois que c’est orienté, parce que quand l’opposition avait déposé un recours pour dire à quel point les spots anti-Soros [principal opposant médiatique d’Orbán] étaient matraqués quasiment tous les quarts d’heure sur la télé publique, au point de ne plus être dans l’information mais dans le bourrage de crâne, la NMHH avait poliment ignoré la requête et dit que ça n’enfreignait pas les règles de l’information. Il n’y a pas eu de rejet violent, mais il y a cette idée que si un truc emmerde un peu le gouvernement, on va laisser couler et faciliter la vie au Fidesz. »

KESMA, menace pour le journalisme indépendant ?

Fondé en 2018, le groupe médiatique KESMA (la Fondation des médias et de la presse d’Europe centrale) regroupe aujourd’hui près de 500 titres de presse hongrois, tous supports confondus, centralisés par le Fidesz et cédés par des oligarques proches du parti d’extrême-droite. 40% du chiffre d'affaires du marché médiatique hongrois seraient aux mains du groupe KESMA, et selon l’observatoire indépendant des médias Mértek, 80% des médias hongrois appartiennent désormais au parti de Viktor Orbán pour relayer sa parole. L’information et, surtout, son traitement médiatique sont centralisés, unifiés. « Peu importe ce que dit le gouvernement, les médias publics vont le relayer. Il n’y a aucun débat, aucune diversité d’opinion, résume le docteur Áron Demeter, directeur des programmes de la branche hongroise d’Amnesty International. Ils suivent systématiquement la rhétorique du gouvernement, quel que soit le sujet. »

Outre l’uniformisation de l’opinion au détriment de sa pluralité, le groupe KESMA poserait un problème y compris dans sa création même. Car le groupe nuit au principe de concurrence loyale dans le secteur médiatique. Pour être légal, KESMA devait au préalable obtenir l’accord de l’Autorité hongroise de la concurrence, accord qu’il n’aurait jamais obtenu en raison de « l’importance stratégique nationale » invoquée par le gouvernement pour soustraire KESMA à toute forme d’évaluation. Après plusieurs procédures juridiques non abouties, le groupe KESMA a finalement vu le jour et constituerait désormais une menace pour les médias indépendants.

« Il reste quelques médias indépendants, retranchés, ce sont les derniers bastions, qui eux sont très actifs et virulents contre Viktor Orbán, mais ils sont petits », explique Corentin Léotard. Ces quelques journaux, qui n’hésitent pas à critiquer le pouvoir en place et ses mesures, seraient finalement acteurs d’une véritable guerre de tranchées entre les médias indépendants et les médias publics pro-gouvernementaux, selon le journaliste. « Les fonds européens ont été distribués par le Fidesz à ces oligarques pour qu'ils rachètent d'autres médias pendant qu'il attaquait les médias indépendants au portefeuille. De plus, les médias vivent de la publicité, et si une entreprise est annoncée dans un hebdomadaire libéral, elle ne gagnera plus de contrat public, donc ça fait réfléchir les annonceurs qui se retirent des journaux d’opposition. »

Pour Áron Demeter, la censure envers les médias indépendants ne se cantonnerait pas aux intérêts financiers.

« Tout le monde peut s’exprimer sur les réseaux sociaux ou dans des journaux indépendants. Le problème, c’est que si vous le faites, quelques heures après ou dès le lendemain, les médias publics vous discréditent, vous traitent de traître ou d’agent de l’étranger. »
Áron Demeter - Directeur des programmes pour la branche hongroise d'Amnesty International

En découlent non seulement une forme de censure médiatique, mais aussi et surtout, l’autocensure des petits groupes de presse indépendants qui craignent la réponse massive des médias publics.

Quelles mesures face à la censure ?

Bien que la Hongrie ne cesse de chuter au classement RSF depuis l’arrivée d’Orbán au pouvoir, atteignant aujourd’hui le 87e rang, les mesures pour endiguer cette crise médiatique semblent difficiles à prendre. Si l’Union Européenne a su limiter légèrement la portée de la loi de 2010, il semblerait que ce ne soit pas le texte qui pose finalement un problème. « La loi en elle-même ne prévoyait rien qui n’existait ailleurs en Europe, mais simplement elle a fait une collection de tout ce qui se faisait de pire dans chaque pays, souligne Corentin Léotard. Je sais qu’à l’époque, les médias étrangers avaient beaucoup parlé de l’affaire des journalistes d’investigation qui seraient obligés de révéler leurs sources. Ça n’est finalement jamais arrivé à ma connaissance. »

Cela n’a pas empêché une délégation de huit groupes militants pour la liberté de la presse[1] de dresser, en décembre 2019, un rapport remis à l’Union Européenne qui fait état d’une situation préoccupante et qui qualifie le contrôle médiatique d’Orbán de « vaste machine à propagande ». Si l’Union Européenne ne s’est pour l’instant pas exprimée sur le sujet, les associations et les syndicats, de leur côté, n’abandonnent pas mais sont limités dans leurs actions. « On ne peut pas affronter le gouvernement hongrois, faute de ressources et de moyens suffisants », regrette Áron Demeter. Le responsable de la branche hongroise d’Amnesty International garde tout de même espoir grâce aux quelques médias indépendants qui subsistent, à l’instar des sites 24.hu et Index.hu.

[1] Reporters sans Frontières, la Fédération Européenne des Journalistes, le Comité de Protection des Journalistes, l’Institut International de la Presse, Free Press Unlimited, Article 19 et le Centre européen pour la liberté de la presse et des médias.

Camille Esteve

L'empire médiatique d'ORBán

1998. Le Fidesz, parti conservateur et populiste fondé 10 ans plus tôt, gagne les élections législatives. Son jeune président, Viktor Orbán devient Premier Ministre de Hongrie à 35 ans. Les médias nationaux, très libéraux à l’époque, se montrent critiques envers ce nouveau gouvernement. Quatre ans plus tard, première défaite électorale pour l’homme politique qui comprend dès lors l’importance d’un soutien dans la presse.

« En 2002, le Fidesz sait qu’ils ont perdu car ils n’ont pas de relais médiatique, selon Corentin Léotard, correspondant à Budapest pour Mediapart. Alors ils mettent en place leurs propres médias et attaquent les médias libéraux. » Viktor Orbán et son parti, qui sont alors dans l’opposition, consolident très rapidement leurs outils de communication pour contrer la domination jusqu’ici écrasante de la gauche libérale. Il s’agit de préparer au mieux un potentiel retour au pouvoir. Lajos Simicska, le trésorier du Fidesz, crée une chaîne d’information continue, sur le modèle de CNN mais acquise à son parti afin d’obtenir un média ami et un soutien pour les campagnes à venir : HirTV naît en 2003. Apparaissent ensuite de nouvelles chaînes de radio (Magyar Katolikus Radio en 2005 et Lanchid Radio en 2007) suivies par le rachat de journaux comme le Magyar Hirlap, qui avait fait faillite deux ans plus tôt.

Retour au pouvoir

Finalement réélu en 2010, Viktor Orbán va plus loin à l’occasion de sa réforme médiatique et crée la NMHH. Au même moment, les quatre médias liés au service public, à savoir Magyar Radio, MTV, Télévizio (télévision pour les Hongrois à l’étranger) et l’agence de presse nationale MTI, sont complètement restructurés. Un millier d’employés sont licenciés alors que les médias publics basculent définitivement du côté conservateur.

Pour renforcer son contrôle sur la presse hongroise, Orbán profite également du fait que celle-ci n’est pas subventionnée en finançant plusieurs médias par l’achat d’espaces publicitaires. Le quotidien pro-Fidesz Magyar Idok obtient ainsi 85% de ses fonds à travers les annonces gouvernementales. Plus largement, le gouvernement se met à contrôler, par l’intermédiaire d’oligarques proches du parti et de Viktor Orbán, l’ensemble de la presse quotidienne régionale hongroise, en plus de nombreux médias locaux gratuits.

Curieusement fin 2018, l’ensemble de ces médias que contrôle désormais le Fidesz vont se rassembler sous un seul nom. Le 28 novembre, 476 d’entre eux sont donc offerts au groupe KESMA (Fondation Média et Presse d’Europe Centrale), créé dans l’objectif d’« aider à la survie de la culture de la presse écrite hongroise et promouvoir un véritable équilibre médiatique ». Cet organisme couvre tous les domaines de médias : presse écrite, chaînes de télévisions comme HirTV, chaînes de radio et sites de type pure player comme Origo.hu. Un « degré de concentration qui cause de graves déséquilibres sur le marché des médias, selon Dalma Dojcsak, directeur du programme des libertés politiques de l’Union hongroise des libertés civiles, entravant la pluralité de la presse et menaçant une concurrence économique juste. » Mais c'est surtout l'affiliation conservatrice qui effraie selon certains analystes politiques.

« Les fondations ouvertement libérales comme le célèbre groupe allemand Bertelsmann détiennent une part décisive des médias nationaux. Mais lorsqu’une fondation similaire est créée en Hongrie, que des opérateurs économiques engagés dans leur pays décident d’offrir leurs organes de presse au journalisme conservateur et chrétien, on accuse une "concentration du pouvoir" et "la fin du pluralisme des médias". »
Miklós Szánthó, analyste politique hongrois

Simicska vs Orbán

Face à l’émergence de ce nouvel empire médiatique, on assiste à une guerre de tranchées entre KESMA et les principaux médias d’opposition (Index.hu, HVG, 444.hu et 24.hu) qui durcissent le ton. Lajos Simicska, promet lui aussi de mener une « guerre médiatique totale » à Orbán, avec qui la relation s’est détériorée depuis 2014. Le 6 février 2015, l’homme d’affaires s’exprimait dans les médias : « Orbán egy geci » : Orbán est un connard.

« À partir de ce moment symbolique qu’on a appelé en Hongrie le Jour G, Orbán et l’exécutif on fait tout ce qui était en leur pouvoir pour récupérer un par un les médias désorbanisés sous l’emprise de Simicska, observe Joël Le Pavous, correspondant pour Courrier International : HirTV qui était ultra pro-Fidesz mais récemment devenu extrêmement critique du gouvernement et Magyar Nemzet, presque devenu un journal de gauche, ou du moins d’opposition libérale, passant son temps à critiquer Orbán et donnant très souvent la parole à l’opposition. » Les accusations infondées et campagnes diffamatoires se succèdent de chaque côté. On assiste alors à une réelle polarisation des médias. Chaque parti politique boycotte presque systématiquement les journalistes de l’autre bord.

En 2018, le Fidesz remporte de nouveau les élections législatives, obtenant la majorité absolue pour la troisième fois consécutive. Lajos Simicska, abandonne la plupart de ses médias. Tandis que certains font faillite, les proches du Fidesz en profitent pour nombre d’entre eux, dont HirTV et Magyar Nemzet. « Simicska a donc été désacralisé, continue Joël, et maintenant le nouveau roi s’appelle Lőrinc Mészáros.  C’est un entrepreneur et ancien camarade d’école de Viktor Orbán dans son village d’enfance. On l’appelle l’homme de paille car il gère l’académie de football de Felcsut et possède l’intégralité des quotidiens de presse régionale, dans les 19 régions de la Hongrie. »

Deux pôles pour les gouverner tous

Les médias pro-gouvernementaux exercent une influence indéniable sur les populations provinciales via la presse écrite et les chaînes publiques de télévision mais aussi, et plus indirectement, grâce aux médias régionaux qui, par manque de moyens pour produire leur propre information, auront tendance à diffuser les bulletins qu’ils reçoivent quotidiennement du MTI. Ceux-ci sont directement tirés du service de communication du gouvernement.

En revanche, un certain retard se dessine en ce qui concerne l’information en ligne. À l’exception d’Origo.hu, 4e site d’information le plus visité du pays et l’un des seuls pure players pro-gouvernementaux, les médias d’opposition dominent indéniablement le support internet, très peu pris en compte dans l’organisation de la propagande d’Orbán. « À l’exception d’une fachosphère très dynamique, les supporters du Fidesz ne sont pas suffisamment présents sur internet, observe Corentin Léotard. Même les députés du parti avouent qu’il leur arrive de s’informer dans la presse d’opposition en ligne puisque la leur est misérable. »

Face à la récente polarisation de ces deux « armées médiatiques » aux ambitions politiques opposées, il n’y a donc que très peu de place pour une autre forme de journalisme. Et les papiers d’opinion sont légion. « En fonction de la publication pour laquelle tu travailles, tu as vraiment l’impression de devoir prendre parti d’office, explique Joël Le Pavous. L’objectivité journalistique, de mon point de vue en Hongrie, n’existe pas. Même dans les papiers d’investigation, l’opinion rentre en ligne de compte. Le journalisme "modéré" a beaucoup de mal à faire sa place. » Finalement, comme le pointe l’Observatoire du Journalisme au terme de son rapport sur la situation de la presse en Hongrie, « peu de pays peuvent se targuer d’avoir deux pôles opposés capable de s’affronter au sein d’un État de droite. Peu de pays peuvent aussi se vanter d’avoir une presse si vivace et aussi lue. La dégradation progressive de la qualité des médias, quel que soit le camp : voilà le danger qui guette la presse hongroise. »

Thomas Gallon

LES CORRESPONDANTS : outils de propagande
malgré eux

Le regard plus distancié sur ce qu’il se passe en Hongrie, les correspondants étrangers sont en très grande majorité contre la politique de Viktor Orbán. Pourtant, ils ne subissent pas de pressions particulières de la part du gouvernement. La raison ? Le Premier ministre hongrois en profite pour renforcer sa propagande contre l’étranger.

Le traitement réservé par le gouvernement aux journalistes hongrois n’est pas le même que celui auquel ont droit les correspondants étrangers installés en Hongrie. Alors que les médias nationaux se divisent entre pro-gouvernemental et d’opposition, les correspondants étrangers sont essentiellement contre Viktor Orbán. « Le gouvernement est conscient que la majorité de la presse étrangère est libérale » affirme Joël le Pavous, lui-même correspondant pour plusieurs médias français et directement confronté à cette situation. Hormis quelques médias pro-gouvernementaux en langue étrangère (About Hungary et Hungary Today) tenus par Orbán, la plupart des médias étrangers couvrant le pays sont très critiques à l’égard du Premier ministre hongrois. Conscient de son image négative véhiculée par la presse étrangère, le leader du Fidesz manifeste donc une certaine méfiance à son encontre.

Des correspondants libres d’exercer

Pourtant, les journalistes présents sur place disent ne pas rencontrer d’obstacles particuliers dans la pratique de leur métier en Hongrie. Corentin Léotard et Joël le Pavous ont pu constater que la Hongrie ne se souciait pas spécialement de la façon dont les médias francophones traitent du pays. Les correspondants sont libres d’écrire ce qu’ils souhaitent, interviewer qui ils veulent, même sur les sujets les plus sensibles. Le cas de Gyöngyöspata, commune du nord de la Hongrie, en est un exemple flagrant. Le village avait fait la une des journaux en raison de la ségrégation subie par la communauté rom : les enfants étaient cantonnés dans une classe à part, sans aucune sortie scolaire ni accès à la piscine. Le Premier ministre a réagi via une communication très virulente et maladroite, et les médias pro-Orbán ont suivi cette affaire par le seul biais des déclarations gouvernementales. Corentin Léotard a eu l’occasion de se rendre dans ce village, d’y interviewer des Roms ainsi que des associations non-gouvernementales sans pour autant avoir de problèmes avec les autorités.

Mais cette absence de contrôle n’a pas toujours été la norme. Corentin explique : « À l’origine, ils avaient quand même de l’argent alloué pour faire un monitoring des médias étrangers parce que ça les intéressait beaucoup de savoir ce que la presse étrangère disait d’eux. » Cela s’est traduit par un site internet consacré aux médias internationaux et s’adressant aux Hongrois. L’objectif était d’apporter un correctif aux informations qu’ils jugeaient erronées. Le journal Libération, notamment, a été plusieurs fois repris pour des soi-disant fake news pouvant nuire au gouvernement. L’image donnée par la Hongrie depuis l’extérieur a donc toujours suscité l’intérêt de Viktor Orbán. Le gouvernement ne refuse pas les interviews aux médias étrangers, comme en témoigne le correspondant français : « Demain matin (26 février, lendemain de l’interview, n.d.l.r), je publie mon entretien avec la ministre de la famille (Katalin Novák) qui est la vice-présidente du Fidesz, la numéro deux du gouvernement, elle m’a reçu pendant une heure. » Cette disponibilité montre que le gouvernement est soucieux de communiquer, de soigner son image à l’étranger. Même s’ils savent que la presse est majoritairement contre eux, ils assument leurs discours et leurs actes.

Un retournement de la situation en faveur d’Orbán

L’intention d’Orbán est d’apparaître comme un dirigeant ouvert et d’accepter chaque opportunité de s’exprimer dans la presse internationale. Mais c’est aussi pour lui un moyen d’exacerber le sentiment national déjà bien présent en Hongrie ; il utilise les propos critiques des médias étrangers pour persuader les Hongrois de l’hostilité extérieure. Finalement, la couverture médiatique essentiellement anti-Orbán, profite au Fidesz et à sa propagande. Unir le peuple hongrois contre les autres pays européens est l’un des éléments centraux de la politique du Premier ministre. Les critiques à son égard s’avèrent en fin de compte contre-productives. Viktor Orbán en sort grandi aux yeux de la population hongroise car il apparaît comme le défenseur de son peuple, de sa culture, face aux attaques de l’étranger.

Au vu de la majorité hongroise, les journalistes étrangers auraient donc un point de vue biaisé et ne seraient pas légitimes pour critiquer le premier ministre et son gouvernement.

La situation devient difficile pour les correspondants qui doivent « réfléchir à deux fois avant d’écrire les choses » selon Joël le Pavous. Bien qu’ils soient conscients de devoir motiver leurs critiques, ils réalisent que cela peut profiter au gouvernement. Viktor Orbán a donc atteint son objectif, en isolant les correspondants dans son pays, sans que ceux-ci ne soient privés de leurs libertés.

Colin Revault

Réfugié,
ennemi public numéro 1

La Hongrie fait aujourd'hui figure de pays le plus hostile aux réfugiés dans l'Union européenne. Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, le Premier ministre hongrois Viktor Orban est un habitué des discours de haine envers les migrants. Dans un contexte d'une presse contrôlée en grande partie par le parti majoritaire et ses sympathisants, celle-ci constitue un relais de premier ordre de sa rhétorique xénophobe.

La Hongrie s’est imposée en quelques années comme un des états européens les plus hostiles à l’immigration, en particulier celle venant du Moyen-Orient et d’Afrique. Le pays a été le premier à fermer sa frontière en 2015 et à refuser les quotas d’accueil imposés à chaque pays de l’Union européenne. Des milices armées se sont reformées pour patrouiller le long de la clôture installée à la frontière avec la Serbie. Le discours anti-immigration s’est ancré dans la rhétorique politique hongroise. Le retour au pouvoir en 2010 du Fidesz et du Premier ministre Orbán coïncide avec le début de la crise migratoire en Europe. La Hongrie est alors devenue la porte d’entrée vers l’Allemagne et les pays scandinaves pour de nombreux migrants. Le Fidesz a fait de la lutte contre cet afflux massif de réfugiés son cheval de bataille. Ce Kulturkampf de Viktor Orbán qui vise à imposer une culture chrétienne et nationale a permis au Fidesz d’éclipser des partis d’extrême droite au passé antisémite comme le Jobbik.

« Le gouvernement Orbán est un régime populiste et autocratique qui a un besoin constant d’ennemis pour détourner l’attention de sa population et rester au pouvoir », explique Matè Szábo, directeur de l’Union hongroise des libertés civiles. Selon lui, ce processus de droitisation du parti du Premier ministre est une manière de mobiliser l’opinion publique derrière lui. Dans ce but, le gouvernement a pris un certain nombre de mesures pour influencer la manière dont les médias traitent des migrants en Hongrie et en Europe.

Un traitement partiel et partial

De prime abord, journalistes et humanitaires disent que les journalistes sont totalement libres de traiter de la question des réfugiés en Hongrie comme ils le veulent. En tout cas, lorsqu’ils appartiennent à des médias indépendants ou d’opposition. Corentin Léotard, rédacteur en chef du Courrier d’Europe centrale et correspondant pour Mediapart et La Libre Belgique, fait les louanges du travail de ses confrères de 444.hu et Index, deux des sites d’information les plus lus en Hongrie. En 2010, quelques journalistes travaillant pour ces médias ont traversé la Mer Egée pour rallier la Grèce puis la Hongrie depuis la Turquie ou se sont rendus dans des camps de détention aux deux seuls points de passage sur la frontière serbo-hongroise, Röszke et Tompa. Depuis, il est nécessaire d’obtenir une autorisation gouvernementale pour approcher de la frontière et il est interdit aux journalistes de se rendre dans les camps de détention.

La situation est tout autre pour les journalistes des médias publics et pro-Orbán. « Il y a récemment eu une fuite dans Politico [média en ligne international, ndlr] révélant que les journalistes de la télévision et de la radio publiques devaient se conformer à un vocabulaire et à des angles précis lorsqu’ils voulaient parler des migrants », dénonce Corentin Léotard. Par exemple, les photographes des médias publics ou en faveur du Fidesz ne sont pas autorisés à faire des clichés de femmes et d’enfants demandeurs d’asile mais seulement d’hommes, de préférence jeunes et à l’air menaçant.

Entretenir la psychose autour des migrants

Le gouvernement semble en effet vouloir entretenir une psychose autour des migrants. La chaîne nationale M1 dispose d’un correspondant permanent en Grèce pour donner aux Hongrois « des nouvelles du front ». La chaîne a également consacré une soirée de son programme phare, Az Este, à décrire l’insécurité générée par les migrants dans les pays scandinaves ou en France. Le programme a notamment diffusé des interviews de personnes racontant que Stockholm était en proie à des groupes de migrants à moto armés de cocktails Molotov. Des fake news qui ne surprennent pas Corentin Léotard qui rappelle que le directeur de l’audiovisuel public hongrois a déjà été condamné par le passé pour des faits de falsification de l’information.

L’état hongrois fait la promotion des médias relayant cette information tronquée ou falsifiée et limite l’accès aux médias critiques. Selon Joël Le Pavous, correspondant notamment pour Europe 1 et Courrier international, seuls ces médias d’opposition donnent la parole aux migrants et aux associations qui les aident. Les titres proches du pouvoir quant à eux s’appliquent à les discréditer en insistant sur l’opinion libérale de ces médias, accusés de vouloir provoquer un grand remplacement de la population native hongroise par des réfugiés venus du Moyen-Orient pour mettre à mal ses valeurs chrétiennes et nationales.

« Si vous écrivez un article disant que l’Europe ou la Hongrie devrait respecter les droits humains des demandeurs d’asile, quelques heures plus tard ou le lendemain, il y aura de nombreux articles dans les médias pro-gouvernementaux pour vous accuser d’être un traître. »
Áron Demeter, directeur des programmes pour la branche hongroise d'Amnesty International

Ces accusations sont relayées par les grands quotidiens hongrois et leurs journalistes. Pour Levente Sitkei, chef de la rubrique International au Magyar Nemzet, les organisations humanitaires agiraient avec d’autres motivations que la volonté d’aider les réfugiés. De ce point de vue, il considère qu’interviewer des membres de ces associations serait encourager les gens à violer la loi, ce qui est contraire à son éthique de journaliste. Cette suspicion vient du rôle de mécène que Georges Soros, un milliardaire américano-hongrois, joue par l’intermédiaire de son réseau de fondations Open Society auprès des ONG telles que Amnesty International ou le Comité Helsinki. Cette opposition idéologique et financière entre Orbán et Soros est largement relayée par voie de presse. Les médias pro-Orbán taxant Soros de poursuivre des intérêts électoraux et certains le qualifiant même de juif apatride. La récente loi fiscale taxant les organisations venant en aide aux migrants participe à cet affrontement Orbán-Soros. « Si cette loi est une pure et simple taxation des opinions contraires à celles officielles, il est aussi important de dire que celle-ci n’a jamais été appliquée », rappelle Matè Szábo. Pour lui, il s’agit en réalité d’une mesure de façade du gouvernement hongrois pour montrer qu’il est actif dans le contrôle des questions migratoires et le maintien de sa souveraineté et de ses valeurs nationales.

Félix Paulet

Politique de natalité : travail, famille, hongrie

Aujourd’hui peuplée de 9,7 millions de personnes, la Hongrie a vu sa population diminuer de près d’un million depuis les années 80. Un déclin que le gouvernement hongrois tient à enrayer en mettant l’accent sur l’importance du  mariage, les valeurs de la famille traditionnelle chrétienne et en mettant en garde contre le risque d’un remplacement de la population hongroise par les immigrés. La traitement médiatique de cette politique diverge selon le positionnement politique des médias Hongrois envers le parti au pouvoir, le Fidesz.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, le premier ministre Hongrois Viktor Orbán, fait de la politique familiale une de ses priorités. En février 2019, le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures pour remplir son objectif d’obtenir un taux de natalité de 2,1 enfants par femme d’ici 2030. Les dépenses consacrées à la politique de natalité représentent 4,6% du PIB soit un peu plus de 4,7 millions d’euros. Un budget qui permettra notamment de rembourser 50 % du prêt étudiant des femmes, si elles ont deux enfants, et 100 % si elles en ont trois. Des déductions fiscales supplémentaires sont également prévues pour les familles de plus de deux enfants. En février dernier, l’État a aussi fait l’acquisition de six cliniques privées spécialisées dans la fécondité, afin d'en exercer une gestion directe pendant au moins trois ans. Quatre autres points ont été énoncés pour encourager les hongrois à faire des enfants : le lancement d’un programme d’achat de voitures pour les familles nombreuses, 21 000 nouvelles places en crèche, la possibilité pour les grands-parents d’emmener et récupérer l’enfant à la crèche et l’exemption des femmes qui ont donné naissance à au moins quatre enfants de payer leur impôt (PIT) pour le reste de leur vie.

Des mesures propices à l’analyse et à la critique, et pourtant, certains médias en font seulement la propagande. Selon Borbála Juhász, ancienne vice-présidente du Lobby européen des femmes et analyste des politiques de genres : « La MTI, dont les informations sont diffusées par presque toutes les chaînes de télévision et de radio, publiques comme privées, ainsi que la plupart de la presse écrite et la moitié des portails en ligne, ne montre que des nouvelles favorables au gouvernement, voire de la propagande pure ». Une déclaration confirmée par les propos d’Aron Demeter, expert des droits de l’Homme à Amnesty International Hongrie : « il n'y a qu’une seule opinion dans les médias pro-gouvernementaux et ils font écho à ce genre de discours selon lequel une femme devrait être quelqu'un qui ne fait pas de politique, qui reste à la maison et se contente d'élever les enfants. »

L’imprécision et l’incohérence comme moteur du journal conservateur Magyar Nemzet

L’exemple le plus probant de journal au service de la politique du Fidesz est le Magyar Nemzet (en français « Nation hongroise »). Fondé en 1938, il est considéré comme le journal de référence des conservateurs hongrois. Un parti pris clairement en faveur du gouvernement se décèle à la lecture de leurs articles, le journal ne se contentant que d’un résumé des propos des membres du gouvernement sans analyse plus profonde. L’ancienne vice-présidente du Fidesz et aujourd’hui secrétaire d'État à la Famille, la Jeunesse et les Affaires internationales Katalin Novák, fait partie des interviewés privilégiés de Magyar Nemzet. Dans un article publié le 27 février 2020, sa politique de natalité est décrite comme visant « à préserver les valeurs de la famille traditionnelle dans le pays ». Aux critiques suggérant que la stagnation du taux de natalité aurait des causes financières, la secrétaire d’État a répondu que « Les mères ont de nombreuses possibilités de retourner au travail : le taux d'emploi des femmes a augmenté ces dernières années et n'a jamais été aussi élevé qu'aujourd'hui ». Ensuite, à la suggestion que « le gouvernement présente le pays comme un bastion du christianisme en Europe, bien que des études sociologiques suggèrent que la religiosité diminue », K. Novák répond que « La société hongroise a la possibilité d'étudier les expériences d'autres pays, mais ils concluent qu'il vaut mieux rester tel quel ». Mais de quelles études est-il question ? De combien le taux d’emploi des femmes aurait donc augmenté ? Qui est cette « société hongroise » et que signifie « rester tel quel » ? Cet article imprécis, incohérent, sans chiffre ni source témoigne de l’intention du journal de ne pas critiquer la politique nataliste du gouvernement. Le chef de la rubrique internationale de Magyar Nemzet, Levente Sitkei assume son soutien  et affirme que cette politique « vise à faire de la Hongrie une nation autonome et qui renforce la société ».

L’homogénéité de ses interlocuteurs confirme la servitude de Magyar Nemzet vis-à-vis du gouvernement

Hormis les membres du gouvernement, les interlocuteurs du journal sont des universitaires qui soutiennent la politique d’Orbán. Parmi eux, Jozsef Benda, chercheur en pédagogie dont l’Institut de recherche et de développement de l’enseignement est financé par le gouvernement. Ce spécialiste de la natalité estime que le devoir de l’institut est « de réapprendre aux Hongrois à être parents ». Selon  J. Benda, le placement massif des nourrissons en crèche « prive les enfants du contact de leur mère » et aurait pour conséquence l’impossibilité de « trouver la confiance nécessaire pour se marier à leur tour et pour procréer». Le journal lui a déjà consacré ses colonnes à plus de vingt reprises.

Autre spécificité du journal conservateur qui atteste de sa fidélité au gouvernement : la reprise des propos d’autres leaders européens qui approuvent les mesures du premier ministre Hongrois. Un article du Magyar Nemzet traitant du 13ème Congrès mondial des familles en Italie en mars dernier, a fait la synthèse des déclarations de Matteo Salvini, l’ancien Premier ministre italien d’extrême-droite qui affirmait devoir « apprendre de la politique familiale du gouvernement hongrois ». Un autre exemple  significatif est celui de l’interview de l'ancien Premier ministre australien Tony Abbott de la droite conservatrice. Ce dernier attestait que « la chute spectaculaire du taux de natalité peut devenir ingérable » mais que « l'immigration doit être contrôlée » et appuie ainsi l’argumentaire d’Orbán. Lors du 3e Sommet démographique de Budapest en septembre dernier, le Premier ministre Hongrois soulignait que l’immigration « ne doit jamais être considérée comme une solution aux problèmes démographiques ».

Un traitement plus neutre de la part des journaux indépendants

Si pour Borbála Juhász, « nos points de vue féministes sont souvent débattus par des universitaires libéraux et des « gourous », ils ont leur place « dans les médias indépendants ». Dans les articles du site d’information Index.hu, qui se qualifie d’indépendant, les mesures de la politique de natalité font l’objet d’une analyse plus critique. Un article donne notamment la parole à Anikó Gregor, sociologue et professeur agrégé à la Faculté des sciences sociales de l'Université Eötvös Loránd. Elle souligne que « les éléments du programme annoncés par le Premier ministre ne contraignent pas les employeurs » alors que « les femmes avec de jeunes enfants sont exposées à de très graves vulnérabilités au travail, même si elles y sont réintégrées après l'accouchement ». Plus loin dans le même article, les démographes de la Population Research Institute du HCSO (le Bureau Central des Statistiques Hongrois), Zsolt Spéder et Balázs Kapitány, proposent d’autres mesures pour que la Hongrie voie son taux de natalité augmenter. Ils préconisent notamment un meilleur système de santé pour une espérance de vie plus longue, une stabilisation du taux d’émigration et l’arrivée d’une population immigrée plus jeune. En plus de relayer les principes de la politique de K. Novák, Index.hu expose des points de vue divergents et se garantit une position plus neutre vis-à-vis du gouvernement.

Le principe de pluralité des sources, synonyme de qualité dans un travail journalistique, est ignoré au Magyar Nemzet et fait du journal conservateur un instrument de propagande de la politique d’État. Si la majorité des médias publics sont dans la même situation, la liberté d’expression se maintient grâce à des médias plus indépendants qui diversifient leurs interlocuteurs comme Index.hu.

Jeanne Gandy

Loi sur les théâtres :
Le masque des médias hongrois tombe

La liberté artistique hongroise a été mise à mal après le vote d’une loi nationalisant le monde du théâtre. La Hongrie est le pays européen qui consacre la plus grosse part de son budget à la culture : 2,1% du PIB d’après une étude d’Eurostat. À titre comparatif, la France accorde (seulement) 1,3% de son PIB à la culture. Depuis l’arrivée de Viktor Orbán au pouvoir en 2010, la culture semble néanmoins de plus en plus contrôlée. Cela s’est confirmé avec le passage d’un amendement le 12 décembre dernier concernant le financement et le contrôle des théâtres en Hongrie. Mais qu’en est-il vraiment ? Comment les médias ont-ils traité cette loi ?

115 voix pour, 53 voix contre et 3 abstentions. Le 12 décembre dernier, le Parlement hongrois vote un texte de loi touchant directement les théâtres. Ceux-ci peuvent désormais choisir d’être financés par l’État. S’ils refusent, la pérennité de leur structure et leur liberté d’expression ne semblent plus garanties. Trois jours plus tôt, des milliers de manifestants étaient descendus dans la rue pour s’opposer à ce projet de loi. Une pétition avait également été lancée, récoltant près de 50 000 signatures. Les professionnels du monde artistique se sont révoltés contre cette loi votée sans avoir été consultés en premier. Pour Áron Demeter, directeur des programmes de la branche hongroise d’Amnesty International, « cette loi est sortie de nulle part, il n’y a eu aucune confrontation publique. Le monde du théâtre aurait probablement eu à redire sur cette loi...» Les discussions entre l’annonce du projet de loi et le vote du texte n’ont duré que trois jours, certains estiment que le gouvernement a agi dans la précipitation. 

« Les théâtres gérés par les conseils locaux seront financés par le budget des localités et les théâtres d'État par un financement mixte »
Péter Cseresnyés, journaliste pour le Hungarian Today

Le Hungarian Today, média en ligne qui couvre l’actualité hongroise en anglais, a rappelé l’objectif de cette loi : « Les théâtres gérés par les conseils locaux seront financés par le budget des localités et les théâtres d'État par un financement mixte. » Les conseils locaux peuvent choisir d’exploiter leurs théâtres via ces financements locaux. Ils peuvent aussi décider d’utiliser un financement mixte faisant ainsi appel à une aide financière de l’État. S’ils optent pour cette dernière option, il doivent faire une demande qui sera évaluée par décret gouvernemental. Le gouvernement peut donc indirectement sélectionner les théâtres à financer ou non. S’il estime que le théâtre n’est pas en accord avec les valeurs nationales, il n’obtiendra pas de financement. Le Hungarian Today précise néanmoins que le régime mixte est supposé garantir la liberté artistique des théâtres. L’État aura également un droit de décision sur le fonctionnement du théâtre et sur sa direction. Toutes ces mesures divisent profondément les médias pro-gouvernementaux et ceux d’opposition.

Un traitement médiatique paradoxal

La couverture médiatique de cette loi a été différente en fonction de la couleur politique des médias mais aussi en fonction de leur localisation. Les médias d’opposition se sont montrés très critiques envers la loi. À contrario, les médias pro-Orbán, ont applaudi l’initiative du gouvernement. Les médias internationaux, extérieurs à la politique hongroise, sont restés perplexes face à cette loi. Corentin Léotard, correspondant français pour Mediapart explique quant à lui avoir été « prudent » sur le sujet. Il confie avoir trouvé la loi extrêmement brouillon lorsqu’elle a été publiée et de ce fait, opte pour une « couverture minimaliste », ajoutant que « l’application d’une loi est souvent très édulcorée par rapport au projet de loi initial.»

Au moment du vote de la loi, le média européen Euractiv a titré un article : « Alerte sur la culture » Les interlocuteurs choisis sont des membres de l’opposition ouvertement contre la loi. Les opposants voient le texte comme une tentative de réglementer, voire de supprimer la culture indépendante et les travailleurs culturels autonomes. Ces dernières années, le théâtre libre a vu ses subventions publiques largement amputées alors que le budget culturel, lui, n’a jamais été aussi conséquent. Dans le même temps, le gouvernement promeut des créations artistiques qui correspondent à son idéal d'une culture attachée aux traditions nationales et chrétiennes : le Kulturkampf cher à Orbán.

Le média d’opposition 444.hu (10ème site d'information le plus visité en Hongrie), a écrit des dizaines d’articles concernant cette loi. Certains titres sont révélateurs de la pensée du média, la lettre d’un metteur en scène entre autres. Il dénonce la politique culturelle du gouvernement et condamne cette nouvelle loi : « Árpád Schilling : Une lettre aux rares théâtres qui se réveillent enfin. » 444.hu évoque ici un gouvernement jugé répressif. Tandis que les médias pro-gouvernementaux mettent l’accent sur l’aspect économique, les médias d’opposition, eux, dénoncent le contrôle du gouvernement sur la culture, notamment via un nouveau Conseil de la culture.

« Nous devons ancrer le système politique dans une ère culturelle »

La loi a également prévu la création d’un nouveau Conseil national de la culture. Euractiv précise qu’il est chargé de « l’orientation stratégique unifiée des différents segments de la culture ». Ce qui signifie que le ministre hongrois des ressources humaines, Miklos Kasler, nommera les directeurs de théâtre concernant les structures qui ont choisi un financement mixte (État et localités). Le site de Reuters a rappelé une ancienne déclaration du Premier ministre hongrois, Viktor Orbán : « Une époque est déterminée par les tendances culturelles, les croyances collectives et les coutumes sociales. C'est maintenant la tâche à laquelle nous sommes confrontés : nous devons ancrer le système politique dans une ère culturelle ». Viktor Orbán entend se servir de la culture pour réaffirmer l’identité nationale du pays. Les théâtres apparaissent donc comme des porte-voix du gouvernement. Le ministre peut ainsi nommer des proches de la majorité à des postes clé dans les théâtres.

Selon l’hebdomadaire en ligne allemand Zeit Online, le 19 février dernier se tenait la première réunion du Conseil avec, à sa direction, le Premier ministre. Les dirigeants de 18 institutions culturelles d’État étaient rassemblés, parmi lesquelles l’Opéra d’État, le Musée national ou encore la Bibliothèque nationale. Le média pro-gouvernement Magyar Nemzet, quant à lui, évoque cette loi sous un angle bien plus positif, donnant la parole aux directeurs de théâtres pro-Orbán. Ces derniers ont en effet déclaré que « les théâtres indépendants ne peuvent pas recevoir moins de financement qu'ils n’en ont eu jusqu'à présent», un moyen d’inciter les petits théâtres à faire appel à l’État.

Cette loi sur les théâtres est un parfait indicateur de la politique culturelle d’Orbán. Le Premier ministre veut mettre en place un Kulturkampf, la mise en avant d’une culture nationaliste et chrétienne. Les théâtres indépendants sont les premières victimes : s’ils veulent continuer à créer, ils devront faire appel à une aide financière de l’État. La presse est parfaitement révélatrice de la tendance bi-partite de la Hongrie. Les médias pro-Orban et les médias d'opposition se combattent, sans qu’aucun ne prenne le dessus.

Romane Parrado

conclusion

Le positionnement de la Hongrie à la 87e place du classement RSF n'est alarmant qu'en raison de sa chute vertigineuse depuis 2010. La concentration des médias entre les mains du gouvernement Orbán et de ses partisans a généré un climat hostile au sein des rédactions et entre les médias. Les journalistes hongrois se sont retrouvés confrontés au choix entre devenir des instruments de propagande ou subir la politique de censure d'ordre économique du pouvoir. Cet état de fait a engendré un clivage entre médias pro-Orbán et médias d'opposition dans le traitement médiatique des problématiques sociétales. Une opposition qui a brouillé la frontière entre information et opinion au sein du journalisme hongrois.

Bibliographie

L'art et la manière de se former au journalisme

- Site web du Centre indépendant des journalistes : http://cij.hu/en/
- BATORFY A. Enseignant en journalisme et médias
- BEATA B. Rédacteur en chef de Azonnali
- LÉOTARD C. Rédacteur en chef du Courrier d'Europe centrale et correspondant pour Mediapart, Ouest-France, La Libre Belgique et La Tribune de Genève
- DUNAÏ M. Correspondant pour Reuters

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L'empire médiatique d'Orbán :
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Les correspondants, outils de propagande malgré eux :
- LE PAVOUS J. Journaliste fixeur pour Courrier international, Slate, Le Telegramme, Le Temps, Europe 1 et L'Express
- LÉOTARD C. Rédacteur en chef du Courrier d'Europe centrale et correspondant pour Mediapart, Ouest-France, La Libre Belgique et La Tribune de Genève

Réfugié, ennemi public numéro un :
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